MADONES DU TERROIR
En ce jour où l’été de tous ses feux rayonne,
J’ai revu, au hasard des chemins d’alentour,
Les chapelles de pierre où trône la Madone,
Chapelles d’autrefois, construites tour à tour
En souvenirs pieux de longs jours de souffrance,
Ou d’insignes faveurs, que les temps révolus
Ont fait trop oublier, quand la reconnaissance
S’en est partie, un jour, avec les disparus…
J’ai revu ton autel, ô Vierge tutélaire,
Dans ce coin merveilleux, devant des rochers gris,
Roquette poétique, où ton vieux sanctuaire
Attire près de toi des cœurs endoloris…
J’ai revu l’oratoire entouré d’aubépine,
Où tu tiens ton Jésus couché sur tes deux mains,
Quand on vient t’implorer, ô Dame de Messine,
Loin des lieux fréquentés par les pauvres humains…
J’ai passé doucement près des autres chapelles :
Notre-Dame de Tongre, au hameau de la Croix,
Vêtue de velours et de riches dentelles,
Comme l’étaient, chez nous, les reines d’autrefois…
Dame Auxiliatrice, en sa robe de pierre,
Aux abords du tunnel, dans sa blanche maison,
Vierge délicieuse appelant la prière
Dans ce qui fut toujours la « chapelle Brognion »…
J’ai retrouvé partout d’élégantes potales,
Où Marie a voulu répandre ses faveurs,
Des niches sans cachet, si pauvres, si banales,
Où l’on va supplier la Mère des Douleurs…
Peu importe l’image élégante ou naïve,
Devant laquelle on vient se pencher chaque jour ;
A l’oraison, la Vierge est sans cesse attentive,
Et les siècles sans fin la louent tour à tour…
Nos aïeux ont taillé, avec art, dans le chêne,
Des Vierges au regard doux et mystérieux,
D’humbles Vierges qui sont des Madones de Braine,
Madones au cœur pur, ardent et généreux…
Notre Dame de Braine, ô ma Mère sereine,
Souviens-toi sans répit, de nos pleurs attendris ;
Console ceux qui sont aujourd’hui, dans la peine…
Ils sont réconfortés lorsque tu leur souris…
Protège les absents, loin dans leur solitude,
Porte-leur le bonheur de penser au retour…
De comprendre déjà notre sollicitude :
Celle que peut offrir tout cœur vibrant d’Amour…
Robert HIERNAUT.
15 août 1952.