LA CHAPELLE DES TROIS TILLEULS
Je suis le pèlerin des petites chapelles ;
Que j’aime l’une d’elles :
Celle des trois tilleuls au bord du grand chemin.
Vieux diverticulum romain.
La voici sous l’ombrage au hameau de Beignée.
La grande route est délaissée,
Mais la chapelle
Sourit toujours et nous appelle.
Quand tout là-bas, au Bourg,
Pour fêter saint Roch, ronfle le tambour,
Les hameaux voisins se pressent vers elle
Pour voir défiler « le grand tour ».
Voici que s’avançait, par le val, par les champs,
La blanche théorie avec les oriflammes.
Devant le dais, de beaux enfants
Semaient leurs fleurs, offraient leurs âmes ;
Puis, dans l’éclat des parements
S’en venaient les marcheurs wallons, tambours battant.
Le jour semblait émerveillé,
La joie flottait dans les bannières,
Sur le dolman des officiers
Et sur le chapeau de bersaglier,
A joli pompon de la cantinière
Et le rythme des pas et des marches guerrières,
Et ce paisible temps, enchantaient nos prières.
La chapelle, en ses fleurs, semblait épanouie ;
La salve exaltait notre amour ;
Et la procession, au bord de la prairie
Se reposait avant de regagner le Bourg
Vierge ! qu’il est loin, si loin, ce beau jour !
Jules Sottiaux.